Le fléau des Ralmes
Le Codex :: Bibliothèque :: Romans et Fictions :: Nouvelles
Page 1 sur 1
Le fléau des Ralmes
Extrait d'un essai sur la noblesse Ul'dienne : Les dynasties du Thanalan, par Silfer Merlan "Généalogiste Ul'dien
La famille des Ralmes était une noble et lointaine cousine de celle qui régnait alors sur Belah’dia. Puissante, influente, riche et dotée de membres dont les talents frôlaient l’excellence. Rien ne se passait sans qu’elle ne le sache, pas un contrat favorable ne lui échappait. Ses membres étaient beaux et élégants, d’une grâce sans pareil. Où qu’ils allaient on ne pouvait que les remarquer. Impitoyables aussi, aucun ne souhaitait s’attirer leur attention et leurs foudres. Les Ralmes étaient adorés autant qu’ils étaient crains et nul n’osait s’opposer à eux. On disait alors, que leur manoir, bâtis sur la hauteur d’une colline, entouré de hauts murs et que jamais personne n’en ressortait. Aucune réception n’y était jamais organisée, aucun bal, aucun contrat.
Tanlea était en ces temps-là une jeune servante au service des Ralmes et vivait, comme tous les domestiques, enfermée dans la propriété familiale. Jamais elle ne devait parler fort et risquer de déranger les maîtres des lieux. Jamais elle ne devait lever le regard et croiser les visages de ceux qui y vivaient. Jamais elle ne devait contredire un ordre et s’y soustraire. Telle était sa vie, de labeur et de silence que la musique, qui raisonnait presque en continu dans le manoir, oppressée.
On lui avait appris dès son plus jeune âge à ne pas lever le regard et à marcher en silence sur les épais tapis pour ne pas faire craquer le bois du manoir. Ses seuls instants de paix et de joie étaient ceux qu’elle partageait avec les autres serviteurs, dans la cuisine et le réfectoire qui leur était dévolu, là où leurs paroles ne pouvaient troubler la musique et le repos de leurs maîtres. Là où ils pouvaient se soustraire le temps d’une cloche ou deux à leurs devoirs et au danger permanent.
Souvent, un ou deux serviteurs disparaissaient. Sans raison, sans réponse, on ne les revoyait simplement plus. Et de jeunes enfants venaient les remplacer, apporté par des gardes de la maison. Déposés devant les grilles du manoir, les serviteurs venaient récupérer ces orphelins pour leur apprendre leur nouvelle vie. De gré ou de mort, car l’échec n’était autorisé dans cette demeure.
Un jour, alors que Tanlea servait le jeune maître, fils ainé et unique héritier de la famille Ralmes, elle croisa son regard dans l’eau de la bassine qu’elle lui tendait pour qu’il se lave les mains. Consciente de son erreur, elle détourna le regard, le baissant d’autant plus et pria pour qu’il n’en dise rien. Seul un léger rire la fit frémir alors qu’elle s’imaginait milles tourments. Rien de plus, rien de moins et elle fût congédiée. Troublée par le beau et merveilleux regard qu’elle avait croisé, elle laissa ses pensées vagabonder, s’attarder sur les doux et merveilleux traits du jeune maître.
Elle attendit, trois jours durant, se languissant d’être à nouveau appelée pour le servir, quand vînt enfin l’ordre qu’elle espérait. Elle se rendit dans la chambre du jeune maître, poussa la porte et entra en la refermant derrière elle. Tanlea fût surprise en sentant le tapis, détrempé sous ses pieds, et relevant un peu le regard, elle vit le cadavre d’une de ses amies, à peine adulte, nue et mutilée devant le lit. Mains attachées, cou comme dévoré et le jeune maître à côté. Horrifiée, elle porta ses mains à ses lèvres pour étouffer le cri d’horreur qui aurait signé son malheur quand elle croisa par mégarde son regard.
D’un bleu étincelant, tel un ciel d’hiver sans nuage, pur et intense, il brillait d’une lueur majestueuse, occultant tout le reste de la pièce et la laissant pantelante, sans force ni voix. Tout s’effaça dans sa mémoire, le temps se figea car seul ne comptait ce regard qui se rapprochait d’elle et la voix douce qui fût susurrer à son oreil, lui ordonnant de nettoyer la chambre et changer le tapis.
Comme dans un rêve, l’esprit captif de ce regard qui ne voulait se soustraire à ses yeux, elle acquiesça et s’exécuta. Dans un état second, tel un pantin, elle agit, ne pensant qu’au moment où elle pourrait à nouveau le contempler et quand elle eut fini et qu’elle se tourna vers le jeune maître tout s’effaça à nouveau pour ne laisser que son regard captivant.
A partir de cet instant sa vie changea. Chaque nuit, Tanlea retournait dans la chambre du jeune maître, chaque matin elle se réveillée épuisée, le corps tiraillait d’une douleur sourde mais l’esprit engourdit par ce regard qui semblait tout occulter. Elle maigrit, devint renfermée, effrayée et avide. Avide de ce regard si bleu, si merveilleux qu’elle retrouvait chaque soir en bravant l’interdit de la maison Ralmes. Pourtant, alors que les jours et les nuits passaient, alors que la lune croissait et décroissait, elle ne tenta jamais de s’enfuir, quand bien même tout son être le lui criait.
Un matin, alors qu’elle effectuait ses corvées, elle s’écroula sur le sol, retenant son balais de justesse pour éviter qu’il s’effondre au sol et ne rompt le silence qu’emplissait la musique du manoir. S’adossant au mur, le corps secouée de sanglots et de frisson que son esprit ne pouvait comprendre, son regard tomba sur un félin au noir pelage, assis devant ses pieds. Tendant une main pour caresser sa douce tête, captivée par les abysses de son regard, si profonds, si sombre que celui du jeune maître semblait s’y perdre et libérer son esprit de l’étreinte dans laquelle il la contenait, elle réalisa pleinement ce qui lui arrivait.
Elle se détacha de son corps meurtri, exsangue des attentions du jeune maître et libéra son esprit. Enfin, elle se rendit compte que le beau visage n’en était pas un, mais simplement un masque d’horreurs et de monstruosité que le regard si bleu et si merveilleux occultait totalement. Enfin elle se rendit compte qu’elle allait mourir si elle restait là, si elle passait une nuit de plus avec lui. Enfin Tanlea réalisa qu’elle devait fuir, fuir mais laisser derrière elle de jeune maître qui viendrait le retrouver et la tuer.
Caressant le pelage du félin noir, elle réalisa qu’il portait alors une sorte de collier, un collier qui semblait la représenter. Une gravure d’elle avec un air conquérant, un air féroce et impitoyable. Une gravure d’elle capable d’affronter le jeune maître, une gravure d’elle assez courageuse pour fuir et rester en vie.
Elle s’en saisit alors, le médaillon glissant dans la paume de sa main comme s’il avait été conçu pour s’y nicher, elle attrapa le manche en bois de son balais et se redressa en s’y appuyant dessus. Ses forces vacillaient, son corps hurlait contre l’effort demandé, contre la douleur de ses moindres gestes mais son esprit était en feu, de rage, assoiffé de vengeance et, le collier bien niché dans le creux de sa main, elle en fit remonter le feu qui y couvait.
Tanlea monta lentement les marches du manoir, jusqu’à la chambre de celui qu’elle allait retrouver. A chaque marche son corps semblait s’emplir de flammes au point qu’elle ne pu plus les contenir une fois devant la porte. Tendant une main, elle la réduisit en cendre avant d’entrer telle une tempêtes vengeresse faisant face à celui qui l’attendait. Elle croisa alors son regard, pour hurler sa colère et ses flammes s’éteignirent, étouffées par le bleu si limpide de ses yeux.
Sans volonté, ses jambes la trahir et elle s’écroula sur l’épais tapis qui ornait la chambre, sans forces aux pieds du jeune maître qui déjà se penchait sur elle, tous crocs sortis. Alors qu’il relevait sa tête, exposant son si délicat et si meurtri cou pour venir le déchiqueter, Tanlea vit à nouveau le félin au noir pelage et aux yeux si sombre, si profond que le bleu s’y perdit à nouveau. Raffermissant sa prise sur le collier qu’elle tenait toujours, elle fit rejaillir ses flammes et s’y abandonna totalement.
Le jeune maître fût pris par surprise et devînt cendres alors que son cri, inhumain, brisait la musique et le silence du manoir, faisant craqueler les vitres en verre, fendiller le bois et grincer les pierres. Les flammes embrasèrent tout le manoir, brûlant jusqu’à la musique qui y régnait en maîtresse et la colline se transforma en un enfer digne du démon qu’elle accueillait alors. Tout fût détruit, rasé, brûlé et avec les flammes disparurent les Ralmes.
On raconte encore que les nuits de pleine lune, au sommet de cette colline, des flammes renaissent parfois, dansant libres et joyeuses, chantant leur rage et leur vengeance accomplie. Ce qu’il devînt de Tanlea personne ne le su. Probablement qu’elle mourut, avec tant d’autre dans ce manoir. Mais où qu’elle fût maintenant, elle y emporta les monstres de sa vie.
La famille des Ralmes était une noble et lointaine cousine de celle qui régnait alors sur Belah’dia. Puissante, influente, riche et dotée de membres dont les talents frôlaient l’excellence. Rien ne se passait sans qu’elle ne le sache, pas un contrat favorable ne lui échappait. Ses membres étaient beaux et élégants, d’une grâce sans pareil. Où qu’ils allaient on ne pouvait que les remarquer. Impitoyables aussi, aucun ne souhaitait s’attirer leur attention et leurs foudres. Les Ralmes étaient adorés autant qu’ils étaient crains et nul n’osait s’opposer à eux. On disait alors, que leur manoir, bâtis sur la hauteur d’une colline, entouré de hauts murs et que jamais personne n’en ressortait. Aucune réception n’y était jamais organisée, aucun bal, aucun contrat.
Tanlea était en ces temps-là une jeune servante au service des Ralmes et vivait, comme tous les domestiques, enfermée dans la propriété familiale. Jamais elle ne devait parler fort et risquer de déranger les maîtres des lieux. Jamais elle ne devait lever le regard et croiser les visages de ceux qui y vivaient. Jamais elle ne devait contredire un ordre et s’y soustraire. Telle était sa vie, de labeur et de silence que la musique, qui raisonnait presque en continu dans le manoir, oppressée.
On lui avait appris dès son plus jeune âge à ne pas lever le regard et à marcher en silence sur les épais tapis pour ne pas faire craquer le bois du manoir. Ses seuls instants de paix et de joie étaient ceux qu’elle partageait avec les autres serviteurs, dans la cuisine et le réfectoire qui leur était dévolu, là où leurs paroles ne pouvaient troubler la musique et le repos de leurs maîtres. Là où ils pouvaient se soustraire le temps d’une cloche ou deux à leurs devoirs et au danger permanent.
Souvent, un ou deux serviteurs disparaissaient. Sans raison, sans réponse, on ne les revoyait simplement plus. Et de jeunes enfants venaient les remplacer, apporté par des gardes de la maison. Déposés devant les grilles du manoir, les serviteurs venaient récupérer ces orphelins pour leur apprendre leur nouvelle vie. De gré ou de mort, car l’échec n’était autorisé dans cette demeure.
Un jour, alors que Tanlea servait le jeune maître, fils ainé et unique héritier de la famille Ralmes, elle croisa son regard dans l’eau de la bassine qu’elle lui tendait pour qu’il se lave les mains. Consciente de son erreur, elle détourna le regard, le baissant d’autant plus et pria pour qu’il n’en dise rien. Seul un léger rire la fit frémir alors qu’elle s’imaginait milles tourments. Rien de plus, rien de moins et elle fût congédiée. Troublée par le beau et merveilleux regard qu’elle avait croisé, elle laissa ses pensées vagabonder, s’attarder sur les doux et merveilleux traits du jeune maître.
Elle attendit, trois jours durant, se languissant d’être à nouveau appelée pour le servir, quand vînt enfin l’ordre qu’elle espérait. Elle se rendit dans la chambre du jeune maître, poussa la porte et entra en la refermant derrière elle. Tanlea fût surprise en sentant le tapis, détrempé sous ses pieds, et relevant un peu le regard, elle vit le cadavre d’une de ses amies, à peine adulte, nue et mutilée devant le lit. Mains attachées, cou comme dévoré et le jeune maître à côté. Horrifiée, elle porta ses mains à ses lèvres pour étouffer le cri d’horreur qui aurait signé son malheur quand elle croisa par mégarde son regard.
D’un bleu étincelant, tel un ciel d’hiver sans nuage, pur et intense, il brillait d’une lueur majestueuse, occultant tout le reste de la pièce et la laissant pantelante, sans force ni voix. Tout s’effaça dans sa mémoire, le temps se figea car seul ne comptait ce regard qui se rapprochait d’elle et la voix douce qui fût susurrer à son oreil, lui ordonnant de nettoyer la chambre et changer le tapis.
Comme dans un rêve, l’esprit captif de ce regard qui ne voulait se soustraire à ses yeux, elle acquiesça et s’exécuta. Dans un état second, tel un pantin, elle agit, ne pensant qu’au moment où elle pourrait à nouveau le contempler et quand elle eut fini et qu’elle se tourna vers le jeune maître tout s’effaça à nouveau pour ne laisser que son regard captivant.
A partir de cet instant sa vie changea. Chaque nuit, Tanlea retournait dans la chambre du jeune maître, chaque matin elle se réveillée épuisée, le corps tiraillait d’une douleur sourde mais l’esprit engourdit par ce regard qui semblait tout occulter. Elle maigrit, devint renfermée, effrayée et avide. Avide de ce regard si bleu, si merveilleux qu’elle retrouvait chaque soir en bravant l’interdit de la maison Ralmes. Pourtant, alors que les jours et les nuits passaient, alors que la lune croissait et décroissait, elle ne tenta jamais de s’enfuir, quand bien même tout son être le lui criait.
Un matin, alors qu’elle effectuait ses corvées, elle s’écroula sur le sol, retenant son balais de justesse pour éviter qu’il s’effondre au sol et ne rompt le silence qu’emplissait la musique du manoir. S’adossant au mur, le corps secouée de sanglots et de frisson que son esprit ne pouvait comprendre, son regard tomba sur un félin au noir pelage, assis devant ses pieds. Tendant une main pour caresser sa douce tête, captivée par les abysses de son regard, si profonds, si sombre que celui du jeune maître semblait s’y perdre et libérer son esprit de l’étreinte dans laquelle il la contenait, elle réalisa pleinement ce qui lui arrivait.
Elle se détacha de son corps meurtri, exsangue des attentions du jeune maître et libéra son esprit. Enfin, elle se rendit compte que le beau visage n’en était pas un, mais simplement un masque d’horreurs et de monstruosité que le regard si bleu et si merveilleux occultait totalement. Enfin elle se rendit compte qu’elle allait mourir si elle restait là, si elle passait une nuit de plus avec lui. Enfin Tanlea réalisa qu’elle devait fuir, fuir mais laisser derrière elle de jeune maître qui viendrait le retrouver et la tuer.
Caressant le pelage du félin noir, elle réalisa qu’il portait alors une sorte de collier, un collier qui semblait la représenter. Une gravure d’elle avec un air conquérant, un air féroce et impitoyable. Une gravure d’elle capable d’affronter le jeune maître, une gravure d’elle assez courageuse pour fuir et rester en vie.
Elle s’en saisit alors, le médaillon glissant dans la paume de sa main comme s’il avait été conçu pour s’y nicher, elle attrapa le manche en bois de son balais et se redressa en s’y appuyant dessus. Ses forces vacillaient, son corps hurlait contre l’effort demandé, contre la douleur de ses moindres gestes mais son esprit était en feu, de rage, assoiffé de vengeance et, le collier bien niché dans le creux de sa main, elle en fit remonter le feu qui y couvait.
Tanlea monta lentement les marches du manoir, jusqu’à la chambre de celui qu’elle allait retrouver. A chaque marche son corps semblait s’emplir de flammes au point qu’elle ne pu plus les contenir une fois devant la porte. Tendant une main, elle la réduisit en cendre avant d’entrer telle une tempêtes vengeresse faisant face à celui qui l’attendait. Elle croisa alors son regard, pour hurler sa colère et ses flammes s’éteignirent, étouffées par le bleu si limpide de ses yeux.
Sans volonté, ses jambes la trahir et elle s’écroula sur l’épais tapis qui ornait la chambre, sans forces aux pieds du jeune maître qui déjà se penchait sur elle, tous crocs sortis. Alors qu’il relevait sa tête, exposant son si délicat et si meurtri cou pour venir le déchiqueter, Tanlea vit à nouveau le félin au noir pelage et aux yeux si sombre, si profond que le bleu s’y perdit à nouveau. Raffermissant sa prise sur le collier qu’elle tenait toujours, elle fit rejaillir ses flammes et s’y abandonna totalement.
Le jeune maître fût pris par surprise et devînt cendres alors que son cri, inhumain, brisait la musique et le silence du manoir, faisant craqueler les vitres en verre, fendiller le bois et grincer les pierres. Les flammes embrasèrent tout le manoir, brûlant jusqu’à la musique qui y régnait en maîtresse et la colline se transforma en un enfer digne du démon qu’elle accueillait alors. Tout fût détruit, rasé, brûlé et avec les flammes disparurent les Ralmes.
On raconte encore que les nuits de pleine lune, au sommet de cette colline, des flammes renaissent parfois, dansant libres et joyeuses, chantant leur rage et leur vengeance accomplie. Ce qu’il devînt de Tanlea personne ne le su. Probablement qu’elle mourut, avec tant d’autre dans ce manoir. Mais où qu’elle fût maintenant, elle y emporta les monstres de sa vie.
Sieur Vrémaux- Curieux
- Messages : 10
Date d'inscription : 12/07/2019
Le Codex :: Bibliothèque :: Romans et Fictions :: Nouvelles
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum